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Le logement
Le Collectif FdG VVJ a organisé une conférence-débat sur le thème : « Le logement », le mardi 15 octobre 2013 au Centre Ravel à Vélizy.
Sont intervenus : Michel Mittenaere de la Confédération Nationale du Logement Ile de France et François Longérinas du Parti de Gauche
Michel Mittenaere - François Longérinas
Vous pouvez lire ICI un compte-rendu de la soirée élaboré par un membre du Collectif.
Les planches présentées pour l'introduction de la conférence sont disponibles ICI .
Un enregistrement audio complet de la conférence a été effectué par le Collectif ; nous l'avons découpé en morceaux de 15 à 20 minutes classés chronologiquement ; vous pouvez accéder à chacun d'eux pour l'écouter en cliquant sur l’enregistrement souhaité
Tags : Logement, Front de Gauche, Mittenaere, Longérinas
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Commentaires
Sur le "surloyer", comme exemple de notre difficulté à nouer des liens revendicatifs :
Le refus de "surloyer" signifie que les locataires dont les revenus dépassent un plafond institué pour bénéficier d'un logement social paient le même loyer que les autres locataires. Comment puis-je convaincre ces autres locataires, y compris les locataires potentiels(= ceux qui sont sur la liste d'attente pour accéder à ces logements) que cela est "juste" [le fait étant qu'un occupant qui reste avec des revenus sur-élevés [par rapport au "plafond"] prend la place d'un autre aux revenus plus modestes en attente de se loger]? Il me faudrait pouvoir dire - et prouver! - que le principe selon lequel des avantages sont accordés dans la limite d'un plafond de ressources est mauvais, à rejeter. Mais alors c'est toute l'organisation des services dits "sociaux" qui est à revoir, car leur fonctionnement se fonde sur l'apport de certains avantages réservés à des catégories de personnes?!
Oui, on peut concevoir un logement "public" qui ne soit plus "social" puisqu'il serait ouvert à n'importe qui, ce qui serait cohérent puisqu'ayant abandonné le respect d'un plafond de ressources, le principe du logement "public" serait que le prix à payer pour le logement est seulement lié à la définition du logement (superficie, qualité ...) et/ou simplement imposé par la puissance publique (à charge de trouver les occupants intéressés et consentants, - et pouvant en payer un certain prix).
Oui, on peut dire que la pratique du surloyer contribue à faire partir ces locataires plus aisé(e)s vers le logement privé (à condition d'y trouver des logements pas trop chers). Mais c'est de même en cas d'absence de surloyer, car ces locataires-là sont alors encouragés à rester pour, au fil des ans, grâce à ce faible loyer, constituer l'épargne qui leur permettra d'accéder plus tard à des logements dans le privé à des prix beaucoup plus élevés, ou peut-être d'accéder à la propriété. Aider à accéder à la propriété étant une bonne chose, sauf que cela met ces "primo-accédants" sous la dépendance des banques prêteuses, à moins qu'ils/elles aient assez épargné en restant assez longtemps en loyer "social" pour réduire suffisamment le montant de leurs emprunts. Mais, dans ces 2 cas, comment justifier, selon une "justice sociale", qu'on ait ainsi aidé les [relativement] plus aisé(e)s à accroître leur avantage? En quoi aurions-nous ainsi apporté une "utilité sociale"? N'aurait-on alors simplement enlevé la part de "social" existante pour que tout soit livré au marché?
Oui, l'absence du surloyer peut favoriser le maintien de ces personnes plus aisé(e)s dans cet environnement, mais pour en déduire que cela favorise une "mixité" sociale, il faut peut-être que les voisin(e)s qui y voient un avantage indu veuillent bien les tolérer!
Oui, on peut penser que l'extension suffisante du logement public permettrait d'au moins réduire cette incohérence - et les frictions entre locataires qui en découlent - dans la mesure où il n'y aurait plus de listes d'attente pour des logements de qualité "moyenne". Mais alors, comment financer le logement public à une telle échelle? Le "social" est conçu comme une redistribution de la richesse produite, - plus précisément, comme une compensation pour une redistribution de la richesse jugée insuffisante sans cela. Abandonner le "social" pour le "public" indifférencié signifie, dans une économie de marché: ou se livrer au libre jeu du marché sans "filet" (="amortisseur"); ou supposer que soit réalisée une répartition des richesses suffisante en amont, "à la source" en quelque sorte, dans le jeu des rapports de force déterminant le prix du travail (donc le pouvoir d'achat) et/ou par une sur-élévation de l'impôt (par rapport à la situation actuelle) pour un rendement total nettement accru tout en assurant une progressivité selon les ressources des ménages.
MAIS peut-on se dispenser d'une réflexion approfondie, suivie, sur de tels sujets complexes, dont les implications mettent en jeu des principes d'organisation sociale, avant d'en faire une position revendicative définitive? Notre programme "L'Humain d'abord" permet-il de réaliser cette répartition des richesses en amont? Je pense que : oui, la pratique d'une mise en œuvre des propositions qu'il contient, si elle était réévaluée en permanence, est une orientation dans ce but. Mais : - comment avancer dans la pratique de ces propositions pour pouvoir en évaluer les effets, plus ou moins bénéfiques; - comment ne pas penser aux TRANSITIONS à effectuer pour que, de la situation actuelle, nous puissions faire évoluer les choses en conformité avec des principes tenables et éprouvés dans les faits, solidairement soutenus. Et notre Front de Gauche progresse-t-il suffisamment en termes d'audience et de l'appui nécessaire dans nos populations, pour que nous puissions envisager d'en initier une "mise en œuvre"?
Et attention à ne pas, dans l'intervalle, conforter nos adversaires qui insidieusement cherchent à "évacuer" tout "social"?!
Sous-estimerions-nous que la mentalité prégnante actuelle, impulsée par un capitalisme financiarisé/mondialisé est au "chacun pour soi" complété par l'"entre soi" pour les rares [hormis parmi les très riches] qui peuvent plus ou moins profiter de l'ascenseur capitaliste, sans CONSCIENCE des liens pouvant fonder un projet collectif, solidaire, partagé, évolutif, - participatif. L'URGENCE est à "[re]construire le [sens du] collectif". Et je reconnais les exigences suivantes : - de "faire la clarté du complexe" (= viser à comprendre et maîtriser la complexité des mécanismes à l'œuvre, dans tous leurs facteurs et aspects, y compris les désirs et motivations des personnes en vue de leur amélioration sociale et de leur contribution à l'amélioration du sort de leurs co-citoyen(ne)s); - "faire remonter l'expérience" des problèmes vitaux rencontrés dans le vivre, pour soi et ensemble. C'est dans la jonction de ces deux exigences que se crée une solidarité car nous sommes alors CRÉDIBLES, non par l'assurance d'un résultat découlant nécessairement de l'application d'une doctrine infaillible et de solutions du genre "prêt-à-porter", mais par l'accord sur des intentions et la volonté de partager des projets cohérents et tenter de les réaliser ENSEMBLE. C'est - parmi nous comme envers nos auditeurs/trices à convaincre d'œuvrer avec nous - par la confrontation et rencontre entre un "complexe" proposé clair et le vécu réfléchi que peut émerger un COMMUN possible qui fasse résistance à la domination matérielle et psychologique par les puissances d'Argent.